Alain Duménil, propriétaire de L'Agefi, suspecté de fraude fiscale

L'homme d'affaires franco-suisse aurait caché 54 millions de francs au fisc helvétique.
Crédits: Image: Capture d'écran Youtube/ImmoWeekQuelques semaines après l'affaire Dominique Giroud, un nouveau scandale de fraude fiscale supposée agite le Valais: selon L'Hebdo et le Tages-Anzeiger, le millionnaire franco-suisse Alain Duménil serait suspecté d'avoir dissimulé plus de 54 millions de francs au fisc sur huit ans (entre 2003 et 2011). Domicilié à Crans-Montana, le propriétaire de L'Agefi aurait omis de déclarer les dividendes versés par Acanthe Développement, l'une de ses sociétés immobilière active à Paris.
C'est justement la publication des résultats de cette société immobilière qui aurait mis la puce à l'oreille aux enquêteurs du fisc suisse: des incohérences entre les chiffres publiés par l'entreprise et ceux indiqués par l'homme d'affaires dans ses déclarations fiscales auraient justifié une enquête fiscale. Un arrêt du Tribunal pénal fédéral cité par L'Hebdo révèle en effet que «selon les informations dont dispose l’AFC (Administration fédérale des contributions) à ce stade, Acanthe Développement verse fréquemment un dividende exceptionnel à ses actionnaires. Or il apparaît que le plaignant (ndlr: Alain Duménil) n’aurait jamais annoncé à l’autorité fiscale un quelconque dividende exceptionnel pour les années en question».
Un capital estimé entre 100 et 200 millions de francs
A la tête d'un capital estimé entre 100 et 200 millions de francs, Alain Duménil serait donc dans le viseur des enquêteurs de l'AFC depuis le 21 novembre 2013. Dès les premiers jours de l'investigation, l'AFC aurait fait placer sous séquestre des comptes bancaires et des biens immobiliers évalués à 25 millions de francs. Une demande de la part de l'homme d'affaires de pouvoir retirer 100'000 francs mensuellement afin de subvenir aux besoins de sa famille aurait été refusée.
Dans les semaines et les mois suivants, des perquisitions ont été menées. Neuf coffres-forts (cinq installés dans ses logements, quatre dans des établissements bancaires genevois) auraient été inspectés. L'un d'entre eux a même dû être forcé, l'homme d'affaires, présent à Crans-Montana le jour où les enquêteurs sont venus, a refusé d'ouvrir le coffre.
Un statut diplomatique contesté
Du côté d'Alain Duménil, les accusations sont rejetées en bloc. Sur le fond comme sur la forme. D'ailleurs, le propriétaire de L'Agefi (qui s'était intéressé par la reprise du quotidien Le Temps à l'automne 2013 avant de renoncer) dénonce des perquisitions qui ne seraient selon lui pas conformes au «droit international». Il revendique un statut de personnel diplomatique qui le mettrait à l'abri de telles procédures, via l’immunité due à son poste d’attaché culturel «à titre spécial» de la République de Madagascar à Genève.
Les autorités malgaches et le DFAE confirment qu'Alain Duménil était membre du personnel administratif de la Mission permanente de la République de Madagascar auprès de l’ONU depuis le 6 octobre 2011. Mais ce statut aurait été abrogé cet été. Les perquisitions auraient donc été réalisées alors qu'il bénéficiait de cette situation. Reste à savoir si elle le mettait effectivement à l'abri de telles procédures d'enquête. Ce qu'il prétend, mais que nient les autorités en charge de l'enquête.
Ironie de l'histoire: c'est l'étude genevoise Oberson Avocats qui est en charge de la défense d'Alain Duménil dans ce dossier. Cette même équipe représente déjà l'encaveur Dominique Giroud.