Bookbedder veut se financer grâce au crowdfunding auprès des hôteliers
Depuis décembre 2014, Booking et Expedia ont un concurrent qui les challenge sur un modèle différent. Face aux mastodontes du secteur, la startup Bookbedder, fondée par des hôteliers et ingénieurs au sein de l'incubateur de l'Ecole hôtelière de Lausanne, veut se positionner comme un allié des hôteliers et non comme une plateforme qui court-circuite les canaux traditionnels de réservation en prenant une grosse marge au passage (15 à 25% pour les deux poids-lourds du secteur). «En plus de proposer un faible taux de commission de 5%, nous sommes la seule plateforme qui rémunère les hôteliers indépendants en échange de leur collaboration active», précise Skye Legon.
Six mois après le lancement de sa version bêta, la plateforme suisse entend désormais franchir une étape supplémentaire. «Dans un premier temps, nous avions construit le site afin que les premiers internautes qui arrivent sur la version bêta puissent avoir accès à une offre vaste, composée de 300'000 hôtels obtenus par un inventaire destiné aux tour-operators. Et ensuite, depuis six mois, nous nous sommes tournés vers des hôtels indépendants avec qui nous avons souhaité développer un partenariat spécifique: ils sont désormais une cinquantaine à travailler directement avec nous», raconte Skye Legon.
Trois packs pour les financeurs
Or, pendant ces six mois, de nombreux hôteliers ont exprimé leur intérêt pour le projet et proposé d'investir. Pour permettre cet engagement, Skye Legon et ses cofondateurs ont imaginé une solution originale inspirée du crowdfunding: «Habituellement, le crowdfunding s'adresse au grand public; nous voulons toucher les hôteliers afin d'être partie prenante dans l'aventure Bookbedder: nous leur proposons différents packs que nous voyons comme une avance sur commission, mais qui nous permet aussi d'élargir l'inventaire des hôtels partenaires», explique Skye Legon.
Trois formules sont ainsi proposées sur la page de crowdfunding de Bookbedder: un pack Silver à 499 francs qui propose une adhésion à vie à la plateforme (contre 300CHF en moyenne par an pour un hôtel 3*), un pack Gold avec adhésion à vie et exonération de commissions, et un pack Platinum avec en plus de l'adhésion et de l'exonération de commissions la possibilité de bénéficier d'une offre marketing (contenus sur la plateforme, mention dans les newsletters). Et les dirigeants de Bookbedder espèrent convaincre 500 hôteliers d'ici cet cet été afin de collecter 300'000 francs.
Cette somme servira à développer l'offre. Et deux projets figurent au coeur de ce développement: la mise en place des interfaces pour transmettre automatiquement les réservations Bookbedder vers les systèmes de gestion des établissements concernés, et un rafraîchissement du site web destiné au grand public avec davantage de fonctionnalités comme une cartographie améliorée et une consolidation des avis clients par data mining. Cette dernière fonctionnalité se veut particulièrement innovante: «Quand on s'appuie sur des sites d'avis comme TripAdvisor, on doit souvent lire une dizaine de commentaires avant de se faire une opinion: notre offre permettrait de compiler les avis et d'extraire l'essence des commentaires les plus utiles pour faciliter le choix de l'internaute et lui faire gagner du temps», glisse Skye Legon.
Un complément pour les réservations
Pour éviter de se retrouver trop lié à une région, Bookbedder a établi certaines règles pour sa campagne de crowdfunding: pas plus de cinq établissements d'une même localité, et des quotas géographiques pour les principaux marchés actuels (150 établissements partenaires en Allemagne, France et Royaume-Uni, 50 en Suisse).
Avec ces nouveaux partenariats obtenus dans le cadre de la campagne de crowdfunding B2B de Bookbedder, mais aussi l'offre qui devrait être améliorée à destination du grand public à terme, la startup de l'EHL entend consolider sa position sur le marché. «Pas comme un concurrent direct de Booking ou Expedia: nous ne luttons pas dans la même catégorie. Mais comme un complément pour les hôteliers, afin de les aider à diversifier leurs sources de réservations pour moins dépendre de ces grands acteurs à qui ils reversent chaque année plusieurs dizaines de milliers de francs en moyenne», avoue le CEO.
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