Ces réserves de cash stockées hors des USA par les géants de la tech
Le système américain est clair: les bénéfices réalisés par les entreprises US sont soumis à l'impôt dès qu'ils sont rapatriés aux Etats-Unis. Et le taux d'imposition fait peur aux entreprises: jusqu'à 35% pour des bénéfices souvent déjà taxés dans les pays où ils ont été réalisés. Pour éviter de verser une part importante de leurs bénéfices au fisc américain, de nombreuses multinationales conservent donc leurs réserves de cash à l'étranger.
Au palmarès des plus actives dans ce jeu de «cache cash», Apple arrive largement en tête avec un trésor de guerre de 157,8 milliards de dollars entreposé hors des Etats-Unis, selon un récent rapport publié par JP Morgan. Ce qui représente 89% du total des liquidités du groupe dirigé par Tim Cook. La firme de Cupertino devance Microsoft qui plafonne à 82,1 milliards de dollars, mais cette somme dépasse en proportion celle d'Apple, en représentant 91% du cash de l'entreprise créée par Bill Gates.
Un record? Loin de là. Selon les analystes de JP Morgan, hp fait encore mieux avec 100% de ses réserves de cash à l'étranger, soit 15,1 milliards de dollars. Et le fait que ces trois records soient détenus par des sociétés issues de l'univers tech n'est pas un hasard: les géants du web et de la high-tech squattent le classement des sociétés du S&P500 ayant les stocks de cash à l'étranger les plus importants.
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Dans ce top 10 se retrouvent ainsi Apple, Microsoft et hp, mais aussi Oracle, Google, Qualcomm et eBay, à côté de quelques géants de l'économie traditionnelle comme General Electric, Merck ou Coca-Cola. Même si les sommes records d'Apple et Microsoft sortent du lot, toutes ces multinationales ont au minimum une réserve de cash supérieure à 10 milliards de dollars à l'étranger. Un trésor de guerre qui suscite les convoitises et pousse notamment Barack Obama à envisager des mesures pour tirer un profit fiscal de ces bénéfices mis à l'abri hors des frontières américaines.
Cependant, pour le moment, ces faramineuses réserves de cash profitent aux économies d'autres pays. Notamment en poussant les multinationales à investir ce cash. Une stratégie peut-être observée en 2014 avec l'offre de 17 milliards de dollars de General Electric pour acquérir le français Alstom: le géant américain avait tout intérêt à tenter un rachat d'Alstom, mais certaines hésitations qui auraient pu voir le jour en d'autres temps ont pu être balayées plus facilement avec ce stock de cash à disposition hors des Etats-Unis et qui échappait ainsi à l'imposition US.
Depuis dix ans, les bénéfices réinvestis à l'étranger par les firmes américaines ont très largement augmenté, passant de moins de 500 milliards de dollars en 2005 à plus de 2000 milliards de dollars en 2014, selon une récente étude de Credit Suisse. Et c'est bien le secteur de la tech qui a vécu la hausse la plus importante.
Selon les analystes de Credit Suisse, 230 sociétés du S&P500 ont accepté de lever (au moins partiellement) le voile sur leurs stocks de cash à l'étranger, pour un total de 650 milliards de dollars quand même, soit 64% du total des liquidités de ces 230 compagnies. Et les explications permettent de mieux cerner un phénomène qui fait polémique aux Etats-Unis ces derniers mois.