Credit Suisse révise ses activités de gestion de fortune
«En conséquence de notre examen stratégique qui a englobé tous les aspects légaux, régulateurs et opérationnels, Credit Suisse a décidé de se retirer de certains marchés et ou de certains segments», a confirmé Marc Dosch, porte-parole de la banque, au Tages Anzeiger.
La double nationalité en question
Ce retrait concerne principalement l'Afrique et des pays comme le Congo et l'Angola. Les ex-républiques soviétiques que sont le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Belarus font également partie de la liste. Les risques pour la réputation de la banque sont jugés trop élevés.
Dans d'autres pays, Credit Suisse se concentrera sur les super-riches, comme au Danemark et en Israël, où les clients affichant moins d'un million sur leur compte sont priés d'aller voir ailleurs. Il s'agit ici de limiter l'inflation des coûts par client.
Dans l'état hébreu, ce sont les clients à double nationalité et surtout à ceux disposant d'un passeport américain qui posent problème. Car ils sont tenus de payer des impôts aux Etats-Unis, ce qui est délicat à gérer au cas par cas.
Credit Suisse espère ainsi économiser 150 millions de francs par an avec ses mesures, surtout en frais informatiques et honoraires d'avocats.
Spéculations en Allemagne
Si les activités extraterritoriales (Offshore) sont redimensionnées, les activités locales ne sont pas à l'abri pour autant. La banque s'est appliquée ces dernières années à garder les fonds devenus propres d'ex-fraudeurs fiscaux dans leurs pays de résidence.
Ce fut le cas en Italie où d'anciens fraudeurs blanchis par des amnisties fiscales ont transférés leurs avoirs dans les filiales locales de Credit Suisse. Et malgré les communiqués triomphants, cette stratégie n'a visiblement guère payé puisque sur 30 succursales, il n'en reste que huit qui sont également destinées aux super-riches.
Même la florissante Allemagne fait l'objet d'une évaluation alors que les rumeurs de vente des activités bruissent sur les marchés depuis le début juin. Credit Suisse, qui y exploite encore huit filiales sur les treize qu'elle contrôlait auparavant, n'a jamais commenté les spéculations.
Réputation entachée en Allemagne
Selon des sources proches du dossier, Credit Suisse aurait retenu deux variantes: soit ne toucher à rien, soit ne garder que deux à trois succursales pour les riches et super-riches, comme en Italie. Quant aux projets de développement Onshore en France, en Espagne ou n'importe où ailleurs en Europe, ils sont enterrés en toute discrétion.
Dans les faits, cela marquerait la fin d'une stratégie démarrée au changement de millénaire à coup de centaines de millions de francs puis abandonnée avant d'être ranimée. Rien de tout cela officiellement mais Credit Suisse ne compte plus les descentes de police, jugements et autres scandales outre-Rhin sans oublier les vols de données.
L'image de la banque s'en est retrouvée ternie et les clients ont désormais la désagréable impression d'être suspectés de fraude fiscale rien qu'en ayant un compte chez Credit Suisse.