Le business de la saga Star Wars en dix chiffres
Voilà 38 ans que George Lucas a changé la face du cinéma. Avec la sortie de Star Wars: Un nouvel espoir en 1977, le réalisateur ne se contentait pas de (re)lancer le genre du space opera sur grand écran, il en modifiait profondément le business aussi. Devant la frilosité des studios hollywoodiens qui rechignaient à financer son projet de peur d'un échec commercial, George Lucas a imaginé un accord qui pouvait sembler audacieux à l'époque: il acceptait de faire une croix sur sa rémunération de 500'000$ initialement convenue en échange des droits sur les produits dérivés et la licence Star Wars.
Au milieu des années 1970, qui à part un visionnaire tel que lui aurait pu imaginer qu'il serait gagnant? En dehors de quelques jouets issus des films d'animation Disney, l'industrie des produits dérivés du cinéma était quasi-inexistante. Mais le réalisateur du premier opus sait qu'il n'a pas seulement imaginé un film, mais tout un univers, avec ses peuples, ses vaisseaux, ses personnages puisant dans diverses cultures mais ne ressemblant à aucun autre héros du 7e art d'alors,... Il y a là la matière pour enflammer l'imagination de toute une génération et être la source d'inspiration pour des jouets, jeux de société, jeux vidéo, déguisements,...
Moins de quatre décennies plus tard, la saga, relancée par la deuxième trilogie (prélogie dans le jargon des fans de Star Wars), le succès ne s'est pas démenti: en 2012, le chiffre d'affaires des produits sous licence Star Wars a rapporté 215 millions de dollars à LucasFilm. Car c'est aussi là l'une des clefs de l'empire Lucas: grâce aux recettes extraordinaires engrangées dès le premier épisode en 1977 (775 millions de dollars de recettes pour onze millions de dollars de budget), le cinéaste a créé une galaxie de sociétés réunies sous la coupole de LucasFilm (fondée dès l'échec de son film THX1138 en 1971) et portant aussi bien sur les jeux vidéos (LucasFilmGames devenue LucasArts), l'infographie (LucasFilm Computer Division, revendue à Steve Jobs en 1986 qui la renomme Pixar), les effets spéciaux (Industrial Light & Magic, dès 1975), le son (THX), les films d'animation (LucasFilm Animation), la gestion des produits dérivés (LucasLicensing),... Le tout dirigé depuis le bien-nommé Skywalker Ranch, un vaste complexe de 19km2 au Nord de San Francisco où George Lucas a réuni de nombreuses unités de son empire.
27 milliards de dollars de recettes depuis 1977
C'est grâce au trésor de guerre de la première trilogie que le réalisateur (qui s'est rapidement requalifié en producteur) a pu faire naître les projets de ses nombreux amis scénaristes et réalisateurs (Steven Spielberg, Ron Howard, Francis Ford Coppola, Mel Smith,...) dont la saga Indiana Jones, Willow, Tucker,...
Et c'est sur cet empire que Disney a mis la main le 30 octobre 2012 avec le rachat de LucasFilm. Pour 4,05 milliards de dollars, la maison de Mickey rachetait celle de Luke Skywalker. Une trahison de la part de George Lucas pour certains puristes, mais une transaction qui rapporte: le cinéaste touche plus de deux milliards de dollars de cash et met la main sur 40 millions d'actions Disney, valorisées au total à deux milliards de dollars.
Immédiatement, la mise en chantier d'une nouvelle trilogie était annoncée, avec sortie d'un premier opus (l'épisode VII) pour fin 2015. Mais le volet sur écran, s'il reste le socle de la galaxie Star Wars, ne saurait désormais s'envisager seul. Les six premiers films ont rapporté 4,54 milliards de dollars en entrées de cinéma. A titre de comparaison, la saga James Bond a rapporté 6,01 milliards de dollars en recettes cinéma, mais en 23 films (officiels), contre six pour Star Wars...
Mais la stratégie se déploie aussi du côté des produits dérivés. Cinq fabricants de jeux et jouets ont signé avec LucasFilm et Disney (qui agira en tant que distributeur du film) des accords pour l'utilisation de la licence Star Wars: Hasbro, Jakks Pacific, Lego, Mattel et Rubies. Depuis la sortie du premier épisode en 1977, le chiffre d'affaires des jouets et jeux a rapporté la bagatelle de 12 milliards de dollars. Soit près de trois fois plus que les recettes du box-office. A la troisième place des postes de recettes figurent les ventes de DVD (et auparavant des cassettes VHS) avec 3,7 milliards de dollars. Au pied du podium se retrouvent les jeux vidéo inspirés de la saga (2,9 milliards de dollars) et enfin viennent les livres (romans, bandes dessinées,...) qui ont rapporté 1,8 milliard de dollars depuis 1977. Enfin, quelques milliards sont issus des droits de la licence (accordés à des sodas, des fast-foods,...). Soit 27 milliards de dollars de revenus en 38 ans.
Un budget pharaonique pour l'épisode VII
A plus long terme, d'autres développements pourraient suivre avec des déclinaisons de l'univers Star Wars dans d'autres domaines. D'ores et déjà, des attractions de parcs à thèmes ont été inspirées par les aventures de Luke Skywalker.
Avec la sortie du prochain épisode en décembre, l'offensive s'annonce massive. A la mesure des attentes des fans: en quelques mois, les différents trailers ont été vus plus de 100 millions de fois sur YouTube. Et les concepteurs ont mis la main à la poche pour ne pas décevoir ces attentes: le budget de l'épisode VII est annoncé autour de 423 millions de dollars (200 pour le film et plus encore pour le marketing, la publicité, les frais de distribution), alors que l'opus sorti dans les salles en 1977 n'avait pas coûté plus de 11 millions de dollars (une somme qui effrayait déjà les studios de l'époque) et que l'épisode VI sorti en 2005) avait coûté 113 millions de dollars.
Mais les retours attendus justifient ces dépenses. Selon certains experts hollywoodiens, Disney s'attend à un chiffre d'affaires global de trois milliards de dollars dans les douze mois qui suivront la sortie pour les seuls produits dérivés, mais aussi 100 millions de dollars pour les jeux vidéos, 75 millions de dollars pour les diffusions sur chaînes télé payantes, 350 millions pour l'achat des films par les particuliers (DVD mais aussi achats en ligne), sans oublier 650 millions de dollars de recettes au box-office américain et 1,3 milliards de dollars de recettes à l'étranger.
Et George Lucas dans tout cela? Celui qui avait débuté sa carrière avec deux films salués par la critique mais au succès assez modeste est désormais le 94e homme le plus riche du monde selon Forbes avec une fortune estimée à 5,2 milliards de dollars. Sur la nouvelle trilogie impulsée par Disney, il s'est réservé un rôle de consultant. Avec sans doute un droit de regard sur les choix artistiques. Mais rien n'a filtré sur une éventuelle rétribution.
En attendant, les fans peuvent toujours se délecter des premières bandes-annonces mises en ligne par Lucasfilm et Disney. Et entamer le compte à rebours qui devrait le mener vers les premières séances dans les salles obscures le 16 décembre en Europe continentale. Et le 18 décembre aux Etats-Unis.