Les banquiers paniquent après l'arrestation de Raoul Weil
L'arrestation en Italie de Raoul Weil, son ancien responsable de gestion de fortunes, n'émeut pas UBS plus que çà. Comme la banque l'a fait dire par ses porte-paroles, c'est de l'histoire ancienne et le dossier est clos avec l'accord de 2010. C'est peut-être le cas pour l'institut mais pas pour ses collaborateurs.
L'effet d'une bombe
Et ces derniers tremblent à l'idée de ce qui pourrait se passer. Car si Raoul Weil accepte son extradition, il pourrait rapidement partir pour les Etats-Unis. Et personne ne croit qu'il se taira pour passer cinq années en prison, comme il en court le risque, ajoute le Tages Anzeiger.
S'il collabore avec la justice américaine pour réduire sa peine, ses révélations pourraient avoir l'effet d'une bombe.
Le cas Martin Liechti
L'ancien numéro trois de la banque à l'époque est poursuivi depuis novembre 2008. Ne s'étant pas présenté devant la cour en janvier 2009, un tribunal de la Floride l'avait alors considéré comme un fugitif et émis un mandat d'arrêt international. La justice américaine le soupçonne d'avoir eu des «co-conspirateurs» ayant des postes «aux plus hauts niveaux» de la banque. Toutefois la plainte ne cite aucun nom.
C'est ce point qui fait peur parmi les anciens cadres d'UBS. Comme le rapporte le site Insiderparadeplatz, un ancien collaborateur de la banque se souvient d'une séance où étaient présents de nombreux responsables des activités extraterritoriales de la banque, en plus de Georges Gagnebin, qui fut autrefois chef du Private Banking. Et où il était recommandé de prospecter à l'acquisition de nouveaux clients hors de Suisse.
Il est toutefois un banquier qui a déjà subi les foudres de la justice américaine. Martin Liechti, subordonné de Raoul Weil en tant qu'ancien responsable de la gestion de fortune américaine, avait été arrêté en mai 2008 à l'aéroport de Miami . Il avait dû rester quelques mois en résidence surveillée en Floride, un bracelet électronique à la cheville.
D'autres têtes vont tomber?
Si la justice américaine n'en dit pas plus sur l'identité de ces «co-conspirateurs», comment ne pas penser à Marcel Ospel, président du Conseil d'administration jusqu'en avril 2008 et auparavant, directeur général. Ou encore son successeur Peter Wuffli, lui même remplacé en 2007 par Marcel Rohner, qui dirigeait la gestion de fortune depuis 2002 avant Raoul Weil et avait donc été son supérieur. Sans oublier Peter Kurer, qui avait remplacé Marcel Ospel à la présidence d'UBS après en avoir été le juriste en chef.
Et il n'est pas sûr que Raoul Weil se montre très bienveillant envers ses anciens employeurs qui s'étaient empressés de le laisser tomber et de le relever de toutes ses fonctions dès sa condamnation connue en novembre 2008. La banque avait agi de même quelques mois plus tôt avec Martin Liechti.
Ce dernier risque moins que son ancien patron. Selon le Tages-Anzeiger, il a reçu l'assurance écrite des autorités américaines qu'il ne serait plus poursuivi. Un avantage dont aimeraient bien profiter d'autres membres de l'ancienne direction surtout si Raoul Weil se met à parler.
UBS présente ses chiffres le 29 octobre
Et ses déclarations pourraient également réveiller la Finma, l'autorité de surveillance des marchés financiers en Suisse. Cette même Finma qui avait attesté que la direction d'UBS n'était pas impliquée dans les affaires illégales de ses collaborateurs.
Cette arrestation tombe donc assez mal pour UBS, faisant ressortir de vieilles casseroles alors que le numéro un de la branche bancaire se prépare à présenter ses chiffres trimestriels mardi prochain 29 octobre, alors que Credit Suisse se sera déjà prêtée à l'exercice quelques jours plus tôt, le 24 octobre.