Les pays émergents lancent leur agence de notation
Ainsi, elles ont été accusées de ne pas avoir vu venir la crise de 2008, et de contribuer à encourager les politiques d'austérité et de réduction des dépenses publiques ces dernières années. Le fait que les trois sociétés soient américaines (même si Fitch appartient à 60% à une holding française, Fimalac) suscite aussi de régulières accusations de parti pris.
Après Dagong, place à ARC Ratings
Pour casser ce triopole, l'agence chinoise Dagong, née en 1994 mais qui ne notait que des entreprises au départ, s'est lancée en 2010 dans la notation des dettes publiques. Controversée pour l'opacité de son système de notation, elle reste actuellement très loin des trois géants.
D'autres ambitions sont nées: cinq agences issues de pays émergents viennent d'annoncer le lancement le 20 novembre à Londres d'ARC Ratings, une nouvelle agence de notation financière.
ARC Ratings constituera une coentreprise issue de l'alliance entre la Companhia Portuguesa de Rating (Portugal), Credit Analysis and Research (Inde), Global Credit Rating (Afrique du Sud), Malaysian Rating Corporation (Malaisie) et SR Rating (Brésil).
Le reflet d'une «économie mondiale multipolaire»
L'objectif de cette nouvelle agence multinationale est clairement affiché dans l'invitation au lancement officiel: être le reflet d'une «économie mondiale multipolaire». Et donc casser ce qui est vu par beaucoup comme un monopole américain.
«Le monde a changé radicalement depuis l'effondrement du marché des subprimes aux États-Unis en 2008, qui a entraîné la crise du crédit. ARC et ses cinq partenaires fondateurs pensent que les vieilles approches et méthodes ne sont plus suffisantes pour le paysage financier post-Lehman Brothers», explique José Poças Esteves, futur directeur général d'ARC Ratings.
Cette tentative de casser le triopole américain n'est pas la première. En juin dernier déjà, Dagong s'était associée à l'américaine Egan-Jones, et à la russe RusRating pour créer Universal Credit Rating Group. Mais le projet peine à décoller et Dagong a ouvert seule des bureaux à Milan au début de l'été, sa première implantation européenne.
La tentative européenne au point mort
L'Europe cherche elle aussi une alternative aux trois géants. Le groupe de conseil allemand Roland Berger a affiché sa volonté de monter une agence, mais le financement de ce projet fait encore défaut.
«On ne sortira pas facilement de la logique oligopolistique. Des changements réglementaires adoptés en début d'année par le Parlement européen peuvent offrir une rente à un ou deux acteurs supplémentaires, mais on restera dans un fonctionnement d'oligopole», affirme Norbert Gaillard, auteur d'«Agences de notation», un ouvrage de référence paru aux éditions La Découverte.