Un nouveau colosse du négoce à Genève

Le Genevois Marco Dunand (à g.) et le Soleurois Daniel Jaeggi ont fondé Mercuria en 2004.
Crédits: Flusin
C’est l’histoire d’une success story née d’une association entre un Genevois et un Soleurois. En 2004, Marco Dunand et Daniel Jaeggi fondent dans la Cité de Calvin la société de trading Mercuria. Après avoir fait leurs armes chez Cargill, puis à Londres auprès de Goldman Sachs et Salomon Brothers, les deux diplômés de l’Université de Genève mettent 250 millions de dollars de capitaux propres sur la table pour acquérir une petite société de négoce.
Dès le départ, le but est de devenir un acteur de poids dans le commerce de l’énergie. La première année, le volume d’affaires se limite à 8 milliards de dollars avec 10 collaborateurs. Mais dix ans plus tard la société est devenue un groupe employant plus d’un millier de personnes, dont 200 à Genève, avec 37 bureaux dans le monde.
Domiciliée à Chypre, Mercuria opère sur divers maillons de la chaîne d’approvisionnement. Elle négocie le pétrole, le gaz, l’électricité, le charbon, les biocarburants, les métaux industriels, les produits agricoles et même les certificats d’émission de carbone. Son portefeuille d’actifs inclut des intérêts dans l’exploitation de pétrole, de gaz et de mines de charbon. Le groupe a vu son chiffre d’affaires exploser ces dernières années, de 40 milliards de dollars en 2010 à 98 milliards en 2012. Le bénéfice net se situe à 343 millions de dollars.
Et un palier supplémentaire vient d’être franchi. Mercuria a mis sur la table 3,5 milliards de dollars pour acquérir l’unité de commerce physique de matières premières (pétrole, gaz naturel, métaux et composante logistique) de la banque américaine JPMorgan.
Une division qui pèse plusieurs milliards de dollars et qui génère 750 millions de bénéfice brut. L’absorption de l’une des plus puissantes équipes de traders en pétrole et métaux de Wall Street permet à Mercuria de faire son entrée dans la cour des très grands. La maison genevoise devient ainsi un géant mondial, en concurrence avec les colosses que sont Glencore, Trafigura et Vitol.
250 à 350 millions de francs
Actuellement, Marco Dunand et Daniel Jaeggi possèdent chacun 15% du capital de Mercuria, le reste est réparti entre une centaine de cadres de l’entreprise. Une entrée en bourse n’est pas à l’ordre du jour, mais l’an dernier les deux fondateurs avaient laissé entendre que 10 à 20% du capital de la société pourraient être ouverts à des partenaires stratégiques visant le long terme. Une option qui a été mise au frais pour l’instant suite à l’opération avec JPMorgan..
Avant l’accord avec JPMorgan, la «net asset value» de Mercuria se situait entre 2 et 3 milliards de francs. Les deux quinquagénaires devraient donc faire cette année leur entrée dans notre classement des 300 plus grandes fortunes de Suisse avec un patrimoine estimé actuellement, de façon conservatrice, entre 300 et 400 millions de francs chacun.