Wolfgang Schäuble fait l'éloge des banques suisses
«On ne se serait pas attendu, voici quelques années, à ce que les banques suisses poussent d'elles-mêmes si loin la démarche de suppression du secret bancaire», constate Wolfgang Schäuble.
La pression des Américains
Le ministre situe les premiers coups de butoir contre le secret bancaire aux recherches sur les fonds en déshérence de la période nazie: «Je me souviens des conversations avec les conseillers fédéraux, avec Arnold Koller, Flavio Cotti et Kaspar Villiger. A l'époque c'est la pression américaine qui a fait fléchir la Suisse. Aujourd'hui, c'est à nouveau avec les Américains, via l'accord FATCA, que l'échange de données est engagé.»
Wolfgang Schaüble revient également sur l'achat de CD contenant des données bancaires suisses: «Lorsque les CD ont commencé à circuler, au printemps 2010, j'ai participé à la première décision d'achat. J'ai alors appelé le ministre suisse des Finances Hans-Rudolf Merz et lui ai dit: "Je dois prendre une décision difficile qui sera inconfortable pour vous." C'est alors que nous avons décidé, pour la première fois, d'échanger des informations selon les critères OCDE, et ensuite d'entamer des négociations sur un traité fiscal.»
Pas de nouvel accord bilatéral
Au sujet de l'échange d'informations, Wolfgang Schäuble balaie l'hypothèse d'un nouvel accord bilatéral: tout se fera désormais dans le cadre de l'OCDE. «Si l'OCDE adopte une norme internationale, tout pourra aller très vite», estime le ministre, qui avertit tout de même que le refus de certains paradis fiscaux exotiques de s'associer à la démarche «ne devrait pas constituer une excuse pour un refus» de la Suisse.
«La Suisse est peut-être plus sage et plus sensible que d'autres pays, mais elle change également», analyse ce grand connaisseur de la Confédération. D'ailleurs, conscient des réticences de nombreux Suisses à voir leur pays rejoindre l'Union européenne, il affirme que l'approche bilatérale reste envisageable: «L'Europe est fondée sur le caractère volontaire. Pourquoi un petit pays ne pourrait-il pas suivre sa propre voie? J'ai un grand respect pour la culture et les traditions de la Suisse politique.»